Les hommes victimes de troubles de l’érection ou d’éjaculation précoce bénéficient de toute une panoplie thérapeutique et médicamenteuse. Explications du Dr Nathalie Dudoret, sexologue à Paris.
Quels sont les moyens de lutte contre les troubles de l’érection?
Il y a aujourd’hui une pharmacopée qui n’existait pas il y a cinq ans. Ces produits permettent d’assurer une érection fiable. Le Viagra, qui se présente sous la forme d’un comprimé à avaler, agit directement au niveau de la verge. Les comprimés Ixense et Uprima, en revanche, agissent au niveau des centres pro-érecteurs du cerveau. Le Viagra induit une érection au bout d’une heure. La durée d’attente est de 20 minutes pour les autres. Si ces médicaments ne fonctionnent pas, on peut toujours avoir recours aux injections intra-caverneuses (piqûre dans la verge) ou au Muse, un applicateur qu’on introduit dans l’urètre.

Les médicaments sont-ils suffisants?
Non. Un accompagnement thérapeutique est nécessaire. Il permet, par exemple, d’agir sur des causes profondes comme un traumatisme d’enfance, des idées fausses sur la sexualité, une mauvaise image de soi… Les thérapies permettent aussi d’agir sur les comportements d’échec à répétition. Nous utilisons par exemple la technique des « sensate focus ».
De quoi s’agit-il?
On peut traduire cette expression par » concentration sur les sens « . En fait, ce sont des exercices que le couple accomplit à la maison. Il s’agit de touchers, de massages qui, au début, n’ont rien de sexuels. Sur un cycle d’une douzaine de séances, le patient et le thérapeute se fixent des objectifs intermédiaires. Par exemple, se tenir tout simplement en érection à côté de sa compagne. Ces thérapies, si besoin est, sont associées à des techniques de relaxation (sophrologie, hypnose, etc.) qui permettent d’aborder la situation anxiogène de manière plus détendue.
Ces techniques sont aussi employées pour traiter l’éjaculation précoce?
Oui. Il existe aussi un traitement médical qui permet de retarder l’éjaculation en adaptant la posologie de certains antidépresseurs (Seropram, Deroxat, Prozac, Zoloft…). On propose également des exercices de rééducation qui se pratiquent en couple. Avec le » stop and go « , l’homme interrompt régulièrement le rapport sexuel avant d’atteindre la sensation d’éjaculation, qui est un point de non retour. Dans le » squeezing « , la femme serre ses doigts autour de la base du gland à l’approche de l’éjaculation. Toutes ces techniques et ces médicaments ne sont que des moyens: la restauration de la sexualité est avant tout un projet de couple.