Trois questions à Christophe André, psychiatre affilié à l’Association Française de Thérapie Comportementale.
Pour quelles raisons un psy peut-il refuser d’entreprendre une thérapie?
Il n’existe aucun texte officiel pour la profession de psychothérapeute et les conditions de refus ne sont pas clairement établis par la profession. Personnellement, je refuse un patient quand j’estime que ses troubles seraient mieux soignés par d’autres techniques que la mienne. En tant que comportementaliste, je soigne très bien les phobies, les angoisses ou les dépressions. Quand une personne souffre de troubles de la personnalité ou de dépendances trop importants, je préfère les renvoyer vers un confrère. Si un collègue est susceptible de faire mieux que moi, je n’hésite pas.
Le psy doit donc toujours avoir une « bonne raison » pour refuser un patient?
Oui. Refuser quelqu’un parce qu’on ne le « sent » pas n’est pas très éthique à mon sens. Un psy – quel qu’il soit – ne doit pas se laisser contaminer par ses sentiments. Quand on en a marre, qu’on est irrité par les tics ou le physique de quelqu’un c’est que quelque chose ne va pas… chez le psy. D’autant qu’une personne peut vous sembler très antipathique à la première séance pour s’avérer très sympathique par la suite. Par contre, on peut décider de stopper un travail en cours si l’on estime que la personne ne s’implique pas suffisamment (elle n’écoute pas, n’est pas suffisamment consciencieuse, ponctuelle ou assidue).
Dans quels cas un psy conseillera plutôt la prise de médicaments?
Il est rare que l’on dise à un patient « prenez des médicaments, cela suffira, vous n’avez pas besoin de venir me voir ». Par contre, il est bien évidemment possible d’en prescrire si les travaux scientifiques prouvent que cela peut aider le patient. Dans ce cas là, on associe les deux: séances chez le psy et médicaments. Le but est que le patient aille mieux : autant s’en donner les moyens.