Panique à bord. Demain vous devez prendre la parole en public pour exposer un projet sur lequel vous bossez depuis des mois et que vous connaissez mieux que quiconque! Pourtant vous êtes paralysé(e) à l’idée de vous exprimer devant une assemblée, ce type de trouble perturbe parfois le développement personnel. Pourquoi certains d’entre nous sont-ils sujets à ce stress? Comment le vaincre? Réponses de Pierre Blanc-Sahnoun, coach indépendant, diplômé de l’Essec et psychothérapeute.
Pourquoi avons-nous peur?
Pierre Blanc-Sahnoun: La véritable question n’est pas pourquoi mais de quoi avons-nous peur? En général, on a peur du jugement des autres, on craint d’être démasqué(e) et de montrer que nous ne sommes pas aussi brillant(e)s que ce que nous le faisons croire, on angoisse à l’idée de ne pas satisfaire les attentes de nos interlocuteurs, de les décevoir. Apprendre à parler en public, c’est avant tout partir à la rencontre de cette peur.
Il faut répondre à des questions toutes simples: en quoi cette situation de prise de parole en public est-elle un danger terrifiant pour moi? Comment vais-je finir par l’apprivoiser? Les réponses dépendent de l’histoire personnelle de chacun.
Prendre de l’assurance, ça ne se fait pas du jour au lendemain?
Non, mais sans faire de la psychanalyse, il faut amener les gens vers la représentation intérieure qu’ils ont de la prise de parole. Souvent, il faut remonter à l’enfance et se demander comment se passait la prise de parole à table à la maison. Pouvait-on parler? Devait-on se taire? Etait-on cantonné(e) dans le rôle du petit rigolo? Comment se déroulait la leçon de récitation à l’école? En répondant à ces questions, la personne angoissée comprend mieux les causes de son malaise.
En tant que coach, mon rôle est de décomplexer les gens de façon bienveillante, de leur dire que la perfection n’est pas de ce monde. Il n’y a pas de méthode miracle et à défaut d’être brillants, ils doivent surtout aspirer à être compris.
Faut-il avouer sa peur au risque de passer pour un être faible et fragile?
Oui, ça soulage. Vos interlocuteurs seront plus indulgents et le fait de ne pas dissimuler son malaise vous poussera à être plus juste et si vous n’êtes pas parfait, les gens sauront pourquoi.
Peut-on pour les rassurer conseiller aux angoissés d’apprendre par cœur leur texte?
Surtout pas. Ca rassure faussement. Apprendre par cœur est un nid à problèmes. C’est un peu comme si on lisait un prompteur intérieur. C’est se fermer aux autres. Parler en public, c’est au contraire rechercher le contact, établir le dialogue. D’ailleurs, quand on apprend par cœur, on risque le trou de mémoire, et ça c’est terrible car là on est coincé. Il faut donc improviser sans baisser les yeux et avoir éventuellement un plan devant soi avec 5 ou 10 mots-clés qu’on souhaite employer. Il faut s’appuyer sur le public en regardant tout le monde, celle qui écoute, celui qui s’ennuie et privilégier le dialogue.
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