Education : les professeurs du possible

Persuadés que le maître n’est pas « seul distributeur du savoir » et que les enfants ont tout à gagner à être les acteurs de leur formation, de plus en plus d’enseignants utilisent aujourd’hui des méthodes d’enseignement issues des écoles différentes.

« Si nos objectifs sont fixés par l’Education nationale, chaque instituteur est libre de choisir sa propre pédagogie pour les atteindre. Les méthodes d’apprentissage peut donc différer d’une classe à l’autre », explique Florence. Voilà pourquoi, dans une école primaire publique tout à fait classique, la jeune femme se sent tout à fait à l’aise d’enseigner selon la méthode de Célestin Freinet. Ses motivations? « Après trois ans d’enseignement de « gavage d’oies », j’ai décidé d’opter pour une autre façon de faire apprendre, une méthode où le maître n’est pas seul distributeur du savoir », explique-t-elle. « Ce qui est intéressant dans cette approche, c’est qu’élèves et enseignants « agissent ensemble », poursuit-elle. « Plus les enfants sont acteurs, mieux ils retiennent », corrobore Daniel Gostain, enseignant en établissement publique, utilisant lui aussi la technique Freinet depuis cinq ans dans sa classe de cours préparatoire.

L’écoute avant tout

Les maîtres des courants alternatifs ne se réfugient plus devant leur tableau noir, face à de petites tables en rangs d’oignons. L’architecture des classes reflète elle-même une autre façon de penser. Autour de bureaux rassemblés en petits groupes, il en va du tutoiement en toute occasion. Pour autant, jamais l’autorité du maître n’est remise en question. « Chez nous, les enfants ont appris à ne pas avoir peur de l’adulte », affirme-t-on simplement à Vitruve. Présent et oeuvrant pour « faire comprendre la différence et solliciter l’esprit critique de chacun »,l’enseignant conserve ainsi son statut d’adulte, pas celui d’autorité suprême. Selon Florence, l’enseignement hors des sentiers battus amène tout simplement à réfléchir à « l’autonomie et au respect de l’individualité de l’enfant. Pour moi, il s’agit en effet de leur apprendre à penser », avance-t-elle.  » Nous sommes là pour questionner, faire prendre des notes, coordonner, suivre les décisions », expliquent les enseignants de Vitruve. Pour eux, comme pour beaucoup d’instituteurs/trices dans les écoles parallèles, l’éducation scolaire est donc un véritable sacerdoce.