Apprentissages des enfants précoces: un bilan décevant

Apprentissages des enfants précoces un bilan décevant

Après les découvertes sur l’intelligence des bébés, une théorie a émergé : en stimulant tôt ce potentiel, on pourrait créer des génies. Toutefois, des recherches récentes suggèrent que cette approche peut être excessive, ne tenant pas compte du développement holistique de l’enfant. L’accent est désormais mis sur un équilibre entre l’éducation précoce et le respect des rythmes naturels de croissance et d’apprentissage.

Apprentissage précoce : de quoi s’agit-il en réalité ? 

L’apprentissage précoce se réfère normalement à l’acquisition de connaissances, de compétences et de capacités chez les enfants dès leur plus jeune âge, généralement avant la maternelle. Il s’agit d’une période importante du développement humain où le cerveau semble particulièrement malléable et capable d’absorber de l’information rapidement.

Approche de l’apprentissage précoce : que faut-il savoir ?

APPRENTISSAGE PRÉCOCE

Deux figures de proue dans le domaine des apprentissages précoces sont Glenn Doman aux États-Unis et Suzuki au Japon. À partir de 1964, Glenn Doman a fondé un centre à Philadelphie axé sur le développement du potentiel humain.

Centre où il encourageait les parents à exposer leurs bébés à des cartons portant des mots écrits en gros caractères comme :

  • « papa » ;
  • « maman » ;
  •  « voiture » et 
  • « maison ».

En exploitant la capacité des bébés à associer ce qu’ils voient à ce qu’ils entendent, cette méthode permettait aux enfants d’associer rapidement les mots et de les reconnaître par la suite. Elle a été étendue à d’autres domaines d’apprentissage tels que les mathématiques ou la musique.

Pendant ce temps, au Japon, Suzuki a promu l’idée de faire jouer du violon à des enfants dès l’âge de trois ans, en utilisant des instruments adaptés à leur taille.

Apprentissage précoce : quels dégâts ? 

Actuellement, cette approche est largement remise en question. Au prime abord, ses résultats escomptés n’ont pas été atteints. En effet, les bébés sur-stimulés ne se sont pas révélés plus intelligents que les autres. D’ailleurs, parmi eux, un nombre significatif présente des signes de dépression infantile.

La psychologue Anne Bacus souligne dans son ouvrage « Bébé malin » (éd. Marabout) que les résultats, à court et à long terme, restent souvent décevants. Cependant, seuls les cas exceptionnels de réussite sont généralement mis en avant, sans tenir compte des dommages potentiels que cela peut causer.

Deuxièmement, on s’aperçoit que le cerveau de l’enfant, si malléable soit-il, ne peut engranger trop d’informations. Car l’enfant se développe par étapes. A force de vouloir les brûler, on nuit à son développement psycho-affectif et l’on aboutit au résultat inverse de celui qui était recherché. “Lui apprendre difficilement à un an ce qu’il apprendra tout simplement à trois ans, c’est non seulement ne pas respecter son rythme, mais encore l’empêcher de vivre ce qu’il doit vivre à un an” , souligne Anne Bacus.

Quelles solutions pour une telle approche : des câlins ?

affection bébé

Les recherches récentes sur l’éveil des bébés convergent toutes vers une conclusion non négligeable. Quelle est-elle ?

Simplement, ce qui prime avant tout, c’est la qualité des liens affectifs tissés avec leur entourage proche. Bien plus que la quantité de connaissances qu’ils acquièrent avant l’âge de trois ans.

 Il est désormais clair que le bien-être émotionnel joue un rôle déterminant dans leur épanouissement. En d’autres termes, le développement optimal d’un enfant est étroitement lié à son bonheur et à son équilibre émotionnel dès les premiers stades de sa vie.

Que retenir ?

Le bilan des apprentissages précoces chez les enfants s’avère décevant, car les résultats attendus ne sont pas atteints. Les méthodes d’éducation précoce peuvent entraîner des risques pour le bien-être émotionnel des enfants, avec des cas de dépression infantile signalés. Les recherches soulignent l’importance des relations affectives de qualité avec l’entourage proche dans le développement normal des enfants. Ainsi, il demeure indispensable de rééquilibrer les priorités en reconnaissant le rôle clé du bonheur et de l’équilibre émotionnel des enfants dans leur éducation