Le fantasmes de cunninlingus

La courbe de ce fantasme suivrait-elle celle de l’estime de soi des femmes?

« En matière de stimulation orale, les femmes, après avoir mis longtemps à l’exprimer, demandent désormais toujours plus », déclare l’Américaine Nancy Friday (1), spécialiste des fantasmes masculins et féminins et auteur de L’Empire des Femmes (Albin Michel, 1993). Un renversement fascinant étant donné l’aversion des femmes pour leur propre sexe il y a peu de temps encore: « Ce que j’entends maintenant, c’est un choeur de femmes réclamant le contact de la bouche, suppliant leurs hommes de descendre entre leurs jambes ».

Toujours tabou chez les hommes?

Le cunnilinctus serait donc aujourd’hui passé dans les moeurs. En tout cas du côté des femmes. Car le tabou subsisterait du coté des hommes: « Ils pensent que l' »égout » sent mauvais et qu’il a un goût abominable », analyse Nancy Friday. Car si la fellation a toujours été fantasmée par l’homme, le cunnilinctus reste plus tabou et a longtemps été perçu comme un « assujettissement » aux femmes.

Durant l’ère des T’ang (618-907), l’Impératrice Wu HU, pensait mieux assujettir les officiels et les dignitaires de son gouvernement en les obligeant à le pratiquer sur elle. A Rome, comme dans la Grèce Antique, on se moquait volontiers de celui qui s’adonnait à cette pratique. On la trouvait indigne d’un mâle. D’après les sources historiques, César était perçu par ses contemporains comme « efféminé »: on l’accusait ainsi « d’homosexualité », mais aussi d’être « soumis » aux femmes dont il aurait aimé lécher le sexe.

Il semblerait donc que c’est aujourd’hui aux hommes de faire un pas vers les femmes. Avant cela, les sexologues estiment qu’un homme doit « convaincre sa partenaire qu’il aime l’arôme et le goût de sa vulve » (1). Car une femme qui ne fantasme pas sur ce baiser fatal, est souvent persuadée que son sexe est « sale ».