Quand le chat théorise, les souris se tapent dessus…

En théorie, les parents prônent une intervention active dans les conflits de leurs enfants. En pratique, quand les petits commencent à se chamailler, les grands… laissent faire.

A l’intérieur de la cage aux lions

Décidément, certains chercheurs sont de grands pervers. Culpabiliser les parents, ils adorent ça. Il y en a même pour aller jusque chez eux leur mettre le nez dans leur caca. Lisez plutôt ce que relate ce mois-ci la revue américaine « Developmental Psychology » :

Deux psychologues américaines, Lisa Perozynski et Laurie Kramer, qui cherchaient sans doute à soulager leurs angoisses en allant vérifier que d’autres parents se débrouillaient au moins aussi mal qu’elles, sont allées observer in situ les interactions entre 88 couples et leurs 88 paires de rejetons (deux chacun), âgés de 3 à 5 ans. Perfides, elles leur ont posé la question suivante : « Quand vos enfants se disputent, comment réagissez-vous ? »

Et de leur suggérer au choix les réponses ci-dessous :

Et face aux lionceaux, que faites-vous ?

1. Vous tentez de les raisonner

Exemple : « Ecoute, mon chéri, tu te rends bien compte que ton comportement est inapproprié. Tu vois bien que ta petite soeur hurle quand tu lui pinces la cuisse. Cela signifie vraisemblablement qu’elle a mal. Tu n’as pas le droit de faire mal à ta petite sœur, est-ce que je me fais bien comprendre avec des mots ? »

2. Vous employez la force

Exemple : Vous en attrapez un par l’oreille, l’autre par les tresses et les envoyez illico au lit sans passer par la case soupe, et en prenant bien soin de les priver de télé pendant huit jours.

3. Vous usez du chantage affectif

Exemple : « Kevin ! Ouh le vilain ! Maman elle est pas contente, papa il t’aimera plus jamais, le docteur il va te faire une piqûre et pour que ça change, il va falloir que tu sois très, très gentil. Et encore, c’est pas sûr ! »

4. Vous ne faites rien du tout

Exemple : Pendant que votre petit chimpanzé pince la cuisse de sa sœur, vous la laissez pleurer en espérant qu’elle décoche à son frère un fameux coup de poing dont il se souviendra longtemps et qui devrait, si vos calculs sont bons, l’empêcher de se livrer à l’avenir à pareil méfait tandis que la petite devrait voir sa courbe de confiance en elle augmenter sensiblement…

Le roi des animaux est un menteur

Eh bien, devinez quoi ? Perozynski et Kramer ont montré qu’il existait un gouffre entre ce que les parents prétendaient faire et ce qu’ils faisaient réellement en pareille situation. En effet, s’ils s’écrient en choeur qu’ils sont pour des stratégies de responsabilisation des enfants (type réponse 1), dans les faits ils les laissent se taper dessus (type réponse 4) trois fois plus souvent qu’ils n’interviennent pour les aider à résoudre leurs conflits… Enfin, sauf si ça devient vraiment sanguinolent. Dans ce cas, ils choisissent la force (comme dans la réponse 2). Et la réponse 3 dans tout ça ? On n’en sait rien. Faut dire que c’est pas glorieux…

En tout cas, ce qu’on aurait bien aimé savoir, c’est ce que Perozynski et Kramer ont voulu démontrer avec leur recherche. Que les parents ne sont pas parfaits ?

C’est pas nouveau, les pauvres.Et après ?