La longue marche des parents d’homosexuels…

Un jour, votre enfant a lancé cette petite phrase à laquelle vous vous attendiez sans vraiment y croire : « Je suis homosexuel(le) ». Accepter que son enfant soit différent n’est pas simple. Passé le choc initial, il faut encore surmonter de nombreuses interrogations: est-ce ma faute ? Mon enfant peut-il être heureux? Et comment va réagir l’entourage, ses collègues de bureau? Accepter l’homosexualité de son enfant est un long chemin qui demande du temps, de la réflexion, mais qui repose sur deux piliers fondamentaux. Le dialogue et l’amour.

« On se sent mieux quand on l’a dit, sauf quand on se fait virer! » »

Je savais que je ne pourrais pas assumer complètement le fait d’être homosexuel tant que je ne l’aurais pas dit à mes parents », se souvient François. Faire son « coming out », ou en d’autres termes, « confesser ses préférences sexuelles à ses parents » répond souvent à la nécessité, au besoin trop fort de « dire la vérité ». Pourtant, personne ne recommande de « le dire à tout prix ». « Il y a des moments dans la vie, des raisons de le dire », souligne Gisèle Lebourgeois, psychanalyste. « Si l’on se sent trop mal dans sa peau, il vaut mieux parler, mais dans d’autres cas, il vaut mieux se taire. Cette révélation peut faire l’effet d’une bombe ». C’est ainsi que David s’est retrouvé, du jour au lendemain à la porte : « Je ne veux pas de ça chez moi », lui a rétorqué son père. « Tu changes ou tu t’en vas ! »…Très rares sont les cas où les parents « prennent bien » l’homosexualité de leurs enfants. Rose Cosson, présidente de l’Association Contact, raconte : « D’abord, il y a une grande part d’étonnement, l’impression que l’on est les seuls à qui cela arrive. Il y a une part de soi qui est bouleversée ». Pour surmonter ce choc, chacun doit y mettre du sien. « Les parents doivent faire un effort, évidemment, continue Rose Cosson, mais les enfants doivent aussi savoir être patients ».

Des parents désemparés qui culpabilisent …

A l’annonce de la nouvelle, nombreux sont les parents qui culpabilisent. « Immédiatement, je me suis demandé ce que j’avais fait pour que notre fille soit comme ça », se souvient Marcel … « Mes parents se sont accusés mutuellement d’être une mère trop envahissante et un père trop absent« , déplore Audrey. Pourtant, personne n’est coupable, ni l’enfant qui n’a pas choisi d’être comme il est, ni les parents qui doivent faire face tant à la situation qu’à leur propre remise en cause. Il faut sortir du questionnement sur l’origine de la sexualité, qui n’a aucune réponse fiable à l’heure actuelle. L’aveu d’une homosexualité oblige les parents à faire un grand travail sur eux-mêmes. « J’ai dû faire le deuil du garçon que j’avais en tête », se souvient Maryse. « Je pense de toute façon qu’aucun parent ne rêve d’avoir un enfant homosexuel ». A ce renoncement, s’ajoute un second deuil, celui de la descendance : « Ma première réaction a été de me dire que je ne serais jamais grand-mère », se souvient Claire. Sans doute réside-là le plus difficile travail à faire sur soi: accepter de ne pas avoir prise sur la sexualité de son enfant.

Cet enfant  » hors norme  » que la société montre du doigt

L’homosexualité pâtit encore d’images réductrices et caricaturales dans notre société. Bon nombre de parents associent notamment homosexualité et sida. C’est un faux débat, car tout le monde est concerné. En fait, c’est l’image déformée des médias qui hante l’imaginaire collectif… et celui des parents. « Quand j’ai dit que j’étais homo, raconte Frédéric, mes parents ont immédiatement pensé aux bars gays, aux endroits de débauche. Pourtant, j’ai un ami et je suis sûr d’être beaucoup plus sage que bon nombre de mes potes hétéro ! ». Ce sont, en effet, bien les préjugés de la société que les parents vont aussi devoir affronter « Même si on est plutôt ouvert, remarque le père de Frédéric, on avait tendance à résumer l’homosexualité aux relations sexuelles. Avec notre fils, on a découvert un monde plus large, très sensible ». Découverte qui a pris du temps et qui a demandé beaucoup de communication et de dialogue. Marie- Thérèse Allex, bénévole chez Contact insiste sur ce point : « Révéler à ses proches ses préférences sexuelles est évidemment une étape cruciale, mais encore faut-il continuer à les informer de ce que l’on est vraiment, de ce que l’on éprouve. Tout n’est pas dit en une seule fois ». Reste à faire accepter à son entourage l’homosexualité de son enfant, et c’est là peut-être que la difficulté réside. La mère d’Audrey en avait assez des quolibets de ses collègues sur les homosexuels et de leurs incessantes remarques sur le célibat de sa fille. « J’ai fini par leur répondre que le mariage homosexuel n’était pas encore autorisé et que de fait, il n’y avait pas de noces en vue pour le moment », explique-t-elle. Un sacré cran dont malheureusement, il n’est pas toujours possible de faire preuve…

EN SAVOIR PLUS:

Livres

– Julien, toi qui préfères les hommes, Caroline Gréco, éd. Critérion (1994).

– J’ai quelque chose à vous dire… Faire face à l’orientation sexuelle de son enfant, Bety Fairchild et Nancy Hayward, éd. de l’homme (1992).

– C’est toujours moins grave qu’une jambe cassée, Emmanuel Ménard, éd. Montpellier DLM (1997).

– Réflexions sur la question gaie, Didier Eribon, éd. Fayard (1999).

Associations:

Contact : association pour les parents et amis d’homosexuels. Permanences d’écoute. 84 rue St Martin 75004 Paris Tel : 01 44 54 04 70 / Permanences : 01 44 54 04 35 Des antennes en provinces, leur numéro vous sera donné en appelant l’association. David et Jonathan : association visant à aider les homosexuels et leur famille. Tel : 01 43 42 09 49Association Psy Gay (APG) : professionnels spécialistes dans l’accompagnement psychologique des homosexuel(le)s. Tel : 01 30 39 29 52

Sur le Net

http://membres.lycos.fr/contnpdc/: le site de l’Association Contact pour le Nord Pas de Calais.

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