Sexe : l’hystérie estivale engendre des frustrations…

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Sexologue et directeur de l’Institut de Sexologie, Jacques Waynberg est depuis 30 ans un observateur attentif de nos parades amoureuses et approches sexuelles, notamment estivales. Le refrain « Sea sex and sun » est-il toujours d’actualité? Cet expert répond et constate que notre société est peut-être gravement « malade » du sexe. Une maladie particulièrement aiguë quand le soleil est à son zénith…

Le soleil agit-il différemment sur la libido des hommes et des femmes ?

Il faut remonter d’un cran. Ce qui est intéressant, c’est d’établir une continuité entre ce qui arrive aux êtres humains et ce qui arrive aux animaux. La présence du soleil dans notre univers d’êtres vivants est telle qu’elle a forcément une influence considérable sur nos comportements. Nous dépendons totalement de cette lumière, y compris dans notre métabolisme et nos biorythmes. Le soleil est l’être vivant par excellence. Les Egyptiens en ont fait le dieu Ra, parce qu’ils avaient compris que, sans soleil, il n’y a pas de vie. Nous sommes dans un système solaire au sens astronomique mais aussi psychologique. Mais croyez-vous pour autant que les Esquimaux n’ont pas de vie érotique parce qu’ils restent six mois dans la nuit ? On s’adapte. En zone tempérée, on a la chance d’avoir quatre saisons, et notre rythme de vie met cela en valeur au point d’en faire une symbolique. L’arrivée de l’été est fêtée comme un événement intéressant, qui correspond à une période de vacances, d’oisiveté. Les conditions sont remplies du point de vue biologique et social : il y a un peu plus de lâcher prise dans la sexualité, pour les femmes comme pour les hommes. Il n’y a aucune différence entre eux, on est en pleine biophysique.

Les philosophes hédonistes de l’Antiquité grecque et romaine déconseillaient pourtant la sexualité en été

S’il fait très chaud, le corps souffre davantage. Quand c’est la canicule, vous n’allez pas faire un article sur la libido. Si on parlait du sud du Portugal, le soleil serait peut-être un handicap pour que la sexualité se déploie.

Sous nos latitudes tempérées, la mode estivale ne pousse-t-elle pas au paroxysme les pulsions sexuelles ?

pulsion sexuelle

La provocation érogène de la mode fait partie de l’obsession sexuelle de notre culture. Sur ce plan, la société industrielle est de plus en plus obsessionnelle, mais de moins en moins libertaire. Cela devient dingue, cette histoire ! Les filles montrent de plus en plus leurs formes, mais si l’on s’approche d’un peu trop près, on se retrouve devant les tribunaux. C’est une société hystérique, qui propose et interdit à la fois. Vous savez à quoi l’on reconnaît les hystériques ? Ce sont des dragueuses professionnelles, mais intouchables. La provocation de la publicité fait bien son travail. La sexualité est devenue le nerf de la guerre. Commerciale bien sûr. Mais c’est une sexualité virtuelle.

En tant que praticien, cette hystérie estivale doit induire des frustrations. Elle rend dingue, comme vous dites ?

Elle rend la société malade du sexe, oui, tout à fait, malade du plaisir, parce qu’on nous en montre trop, on nous en promet trop. Il n’est pas possible de vivre ce qui nous est proposé. On n’en a pas le temps ! Il faut produire, être un bon citoyen, entrer dans le système capitaliste qui, contrairement à ce que l’on peut penser, a horreur du sexe, parce qu’il dissuade les gens de bien travailler, en prenant beaucoup de leur énergie et de leur temps.

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