Que signifient nos fantasmes? Le fantasme de voyeurisme

Rencontré dans un sex-shop, José, peintre de 39 ans, est un fanatique du strip-tease et se dit « pas plus voyeur qu’un autre« . Selon lui « tous les hommes le sont« . Fantasme ou réalité?!

« La plupart des strip-teaseuses aiment s’exhiber et l’assument, semble se justifier José. « A chaque fois, j’ai le sentiment qu’elles se dépassent pour nous plaire. Beaucoup de gens imaginent des boites à strip-tease où les filles se rabaissent face à un public de pervers. C’est loin d’être le cas. Quand un spectateur lance des obscénités à une fille sur scène, on lui fait vite comprendre qu’il ne faut pas jouer à ce jeu là ». José admet volontiers son penchant voyeur: « Je suis persuadé que pratiquement tous les hommes le sont – et que toutes les femmes ont ce côté « exhib' ». Comme tout le monde, j’aime regarder les filles dans la rue. C’est vrai que je vais plus loin: je suis un gros consommateurs de films X et j’adore les peep show ou les strip-tease ». Dans son fantasme préféré, José devient l’homme invisible: il peut ainsi mater les femmes à sa guise sans qu’elles s’en aperçoivent.

Tous un peu voyeurs

Tous un peu voyeurs

José est un voyeur à l’état pur qui se contente de regarder les femmes. Il ne dit rien qui pourrait faire penser que son voyeurisme soit compulsif. L’acte de regarder n’est pas son seul exutoire sexuel et un coup d’œil à la dérobée ne l’amène pas à en vouloir davantage. « Sommes-nous vraiment ici dans le fantasme? », s’interroge d’ailleurs Erick Dietrich, médecin et auteur des Fantasmes aux Editions de la Louvière. « Regarder permet tout simplement de s’exciter et de se faire plaisir. N’y a t il pas des moments où il ne faudrait pas être trop psy? »

Et d’ajouter: « Tous les enfants ressentent un énorme plaisir à voir ce qui est tabou, interdit ou caché. On ressent tous cette bête satisfaction à observer cet « obscur objet du désir »: le père ou la mère nus ». En devenant l’homme invisible, José replonge directement dans les fantasmes de son enfance: « On l’imagine très bien gamin en train de regarder ses parents par le trou de la serrure ».

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Le regard des femmes puni

Mais tous les hommes sont-ils voyeurs, et toutes les femmes exhibitionnistes comme José l’affirme? « Non, répond Erick Dietrich. Là on est dans la fantasme. On est tous à la fois exhibitionnistes et voyeurs. Les femmes sont aussi très nombreuses à regarder des films pornos. Elles l’assument cependant beaucoup moins bien ». Car dès qu’une fille parvient à l’adolescence, la société est formelle: il lui est interdit de lorgner les hommes. Tout simplement parce que regarder, c’est attirer potentiellement l’attention. Or solliciter le regard d’un homme, c’est « très mal élevé », c’est aussi et surtout risquer de se faire ennuyer, agresser, violer. « No eye contact » apprennent très jeunes les Américaines sur-informées sur les risques de viol. On leur apprend en effet très tôt que regarder dans les yeux c’est risquer d’attirer l’attention du « mâle ». Et ainsi s’exposer à son agressivité. Interdiction donc pour les femmes de regarder. En revanche, elles sont autorisées – voir encouragées – à s’exhiber, parce que la beauté féminine est la seule « présentable » pour les deux sexes. Les envies d’être vu et de voir sont donc présentes chez tous les enfants. Mais la société encourage par la suite l’homme à regarder et la femme à se montrer. CQFD.

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– Ils ne pensent donc qu’à ça? Maurice T. Madchino, éd. Calmann-Lévy.