Suicide chez les jeunes: Comment l’expliquer?

Comprendre le suicide chez les jeunes

Période charnière et souvent troublée entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence constitue un cap difficile à passer. Au point que certains tentent de mettre fin à leurs jours. Comment expliquer un tel acte ? Stéphanie Astori, psychologue et thérapeute familiale au Café de l’Ecole des Parents et à la Maison des Parents (Paris) fait le point.

Qu’est-ce qui pousse un adolescent à se suicider ?

S.A. Les causes d’un suicide sont multiples : il peut s’agir d’une déception amoureuse, d’un échec scolaire mal vécu, d’une situation familiale problématique. Le degré de gravité des causes du suicide est très variable : cela peut aller d’un inceste à une crise passagère beaucoup moins  » grave « . Dans tous les cas, cependant, c’est une situation que les adolescents vivent mal. En passant à l’acte, ce n’est pas tant l’envie de mourir qui les guide que l’envie d’en finir avec cette situation douloureuse. En général, le suicide n’est pas programmé comme chez les personnes dépressives, c’est un acte instinctif, parfois en-dehors de la réalité, un acte où le fantasme joue un rôle important.

Le fantasme… c’est à dire ?

SUICIDE

C’est assez spécifique aux adolescents malheureux qui ont l’impression de ne pas être aimés ou compris. Certains vont  » rêver  » leur mort et ses conséquences : ils imaginent alors leur enterrement et la tristesse de leurs proches. Une façon de voir la situation se retourner, mais aussi une façon de  » faire payer « , sous-tendue par l’idée :  » vous ne m’avez pas compris, voilà ce qui est arrivé « . Ce type de fantasmes peut viser la famille ou le/la partenaire après une rupture amoureuse. Dans ce cas d’ailleurs, il existe souvent une vraie problématique de la séparation : la rupture amoureuse réactive des angoisses que l’adolescent a peut-être vécues enfant.

Les jeunes filles sont, en la matière, plus  » sensibles  » au suicide, car elles ont tendance à intérioriser beaucoup plus leur souffrance que les garçons qui eux, vont l’exprimer en s’extériorisant, en se bagarrant par exemple.

Comment  » repérer  » un adolescent suicidaire ?

Un adolescent triste, qui n’a plus le goût de rien, ou qui parle de se suicider donne autant de signaux auxquels il faut être très attentif. Car, contrairement aux idées reçues, il faut prendre au sérieux un adolescent qui parle de se suicider. Beaucoup de parents pensent qu’en exprimant leur envie suicidaire, l’ado ne passera pas à l’acte. C’est faux, et les statistiques le prouvent : dans 8 cas sur 10, la personne qui se suicide a émis des signes plus ou moins clairs auparavant. Un autre mythe circule :  » il faut éviter de parler de suicide avec un ado afin de ne pas lui en donner l’idée « . C’est absolument faux ! Si l’adolescent parle de suicide, on doit ouvrir le dialogue pour savoir si c’est une idée abstraite ou construite. Si l’ado parle avec détail de la méthode qu’il va employer, les risques qu’il passe à l’acte sont grands : il faut alors absolument l’accompagner et, au besoin, le faire admettre dans un hôpital, même s’il n’est pas d’accord, pour le mettre en sécurité. Quoiqu’il en soit, le suicide, même raté, est toujours un acte très grave qu’il ne faut jamais sous-estimer ou banaliser.

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EN SAVOIR PLUS

Café de l’Ecole des parents : des psychologues sont à votre écoute si vous rencontrez des problèmes avec vos enfants. Le café propose en outre des conférences et des débats sur différents thèmes.

162 Boulevard Voltaire 75011 Paris

Tel : 01 43 67 54 00

La Maison des parents : rattachée au Café de l’Ecole des Parents, cette association s’adresse aux parents qui ont besoin, pour eux ou pour leurs enfants, de soutien psychologique. Les consultations sont gratuites, mais les bénéficiaires peuvent néanmoins faire des dons.

164 Boulevard Voltaire 75011 Paris

Tél : 01 44 93 24 14

L’association Vivre son deuil : cette association s’adresse à toutes les personnes qui ont du mal à surmonter un deuil suite à un suicide ou à un accident, en particulier aux parents d’enfants suicidés ou aux frères et aux soeurs. Elle organise notamment des groupes de discussion entre les personnes ayant vécu le même drame pour les aider à déculpabiliser et surmonter leur deuil.

7 rue Taylor 75010 Paris

Tel : 01 42 38 08 08