Quand il y a deux pères à la maison

Après le Pacs, la question de la paternité des couples homosexuels devient d’actualité. Alors que des milliers d’enfants vivent sans père, ce phénomène pose aussi la question du trop plein de pères… Questions à Jacques Arènes, auteur de Y a-t-il encore un père à la maison? (Fleurus).

Est-ce grave d’être élevé par deux hommes, un couple homosexuel?

Il y a des couples homosexuels qui adoptent des enfants, notamment en Californie, ou qui ont des enfants issus d’une union hétérosexuelle. Cela a beaucoup été étudié aux Etats-Unis. Les études que j’ai lues montrent qu’il n’y a pas d’influence sur l’enfant au niveau de son équilibre général.

Globalement, on peut penser qu’un couple de personnes homosexuelles est autant capable qu’un couple de personnes hétérosexuelles d’élever un enfant et de lui donner de l’amour. Ce qui à mon avis est une évidence… Mais, bon, ça permet de le voir.

– L’un des hommes peut-il être un « modèle de type maternel » (protection) et l’autre un « modèle de type paternel » (exploration, jeu, ouverture sur le monde) que vous évoquez dans votre livre?

Il y a des couples homosexuels où l’un peut prendre une position plus classiquement maternelle et l’autre une position plus classiquement paternelle. C’est assez souvent le cas, et c’est ce qui ressort des discussions que j’ai eues avec des personnes dans cette situation.

– Tout va bien alors?

Les questions que je me pose sont les suivantes: Comment l’enfant a-t-il accès à la différence des sexes? Comment un petit garçon élevé par deux hommes a-t-il accès au monde féminin? Bien entendu, les relations sociales ne sont pas vides. Il y a l’école etc. et cela dépend aussi du couple en question. S’il est très fermé ou hostile à l’autre sexe, ce qui n’est pas souvent le cas pour les homosexuels hommes, mais qui peut arriver pour les femmes, cela peut poser problème.

Les psychanalystes considèrent que la structuration de l’enfant par rapport à l’altérité – au sexe opposé – est très importante. Le complexe d’OEdipe n’est rien d’autre que la structuration de l’enfant sur cette différence. Il est donc important pour le développement de l’enfant que les deux sexes soient présents dans la famille et que l’enfant ait accès à cette altérité.

Mais dans le cas contraire, je ne sais pas trop à quel niveau cette difficulté peut jouer et quels effets elle peut avoir. Je n’ai pas de réponse rigide là-dessus. Les difficultés ne se situent ni au niveau de l’équilibre général ni au niveau d’une homosexualité possible plus tard. Elles se situent plus dans la question de la configuration générale de l’affectivité.

EN SAVOIR PLUS:

A lire:

Livre: -Les petites filles. Tout ce que vous devez savoir pour élever une fille aujourd’hui(Stock) David Laskin, 1994 -Le Pacs, l’enfant et Freud, Libération (oct.1999)