Peut-on échaper au piercing ?

Après avoir été utilisé par les marginaux en guerre contre la société, le piercing est entré au collège et au lycée par la grande porte. Depuis, son message a bien changé. Décryptage.

Le piercing, petit à petit

Cela commence souvent, vers l’âge de13 ans, par un petit piercing sur le lobe de l’oreille. Chez une fille, ça passerait presque inaperçu, pour un garçon, la démarche est déjà plus significative. L’étape suivante est franchie vers 15 ans : on perce le nombril et on le décore d’un joli bijou.  » Avec un petit top bien court, c’est super mignon « , lance une lycéenne. Mais tout ça est bien discret, alors, après 18 ans, on attaque plus volontiers l’arcade sourcilière, la narine, la lèvre inférieure ou encore la langue. Sans clivage entre les sexes, on s’affiche clairement de  » la tribu des percés « . L’avantage, par rapport au tatouage, c’est que l’on peut toujours en sortir.

Je suis libre dans ma tête et de mon corps

 » A l’adolescence, on est encore dépendant des parents alors que l’on a envie d’être autonome, commente Marie Cipriani Crauste, psychosociologue. On a envie d’être à égalité avec les adultes. Le piercing est un moyen de le clamer « . Face aux adultes, le message est simple : je suis libre dans ma tête et libre de mon corps, et je veux être différent. Mais cette revendication, tout droit sortie des années 70, n’a rien d’une croisade contre la société. Au contraire, selon la psychosociologue, le piercing est un acte social :  » C’est un signe d’appartenance à la culture ado très forte. Or, cette culture est un outil d’insertion dans la société. A travers le piercing, les jeunes montrent aux autres qu’ils ont observé et compris le monde dans lequel ils vivent. Ils prouvent qu’ils ont cette compétence « .

J’ai dépassé ma douleur

Si la perforation de l’oreille est un jeu d’enfant, celle de la langue (entre autres) n’est pas une partie de plaisir. Le message passe alors à l’étage supérieur. Difficile de ne pas y voir d’abord une connotation sexuelle et ses promesses de jouissance. On mettra dans le même panier, mais au rayon  » hard « , tous les piercing de parties génitales ou des tétons. Mais c’est aussi la notion de souffrance qui transparaît.  » On a souvent besoin de se mesurer à la douleur et de montrer qu’on l’a maîtrisée « , analyse Marie Cipriani-Crauste. Ces  » percés « -là montrent leur courage et s’amusent de la stupeur qu’ils provoquent autour d’eux…

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