Banal selon les professionnels de la santé mentale, mais impressionnant dans ses manifestations, ce « coup de folie » passager, qui n’en a souvent que l’apparence, peut arriver à tout le monde ou presque…
Coup de tonnerre dans un ciel serein, la bouffée délirante survient sans prévenir chez des sujets le plus souvent sans antécédent pathologique, et disparaît aussi mystérieusement, sans laisser de traces. Les psychiatres et psychologues cliniciens ont pourtant appris à la suivre à la trace…
Définition
Apparition soudaine d’une activité délirante mais de brève durée, de caractère psychotique, souvent déclenchée par des circonstances traumatiques: choc émotionnel, voyage, éloignement, échec professionnel ou scolaire, service militaire, deuil, emprisonnement. Cependant, il n’existe pas toujours d’événement originel repérable à la bouffée délirante aiguë. Le sujet guérit souvent sans séquelles.
Symptômes repérables

Humeur continuellement perturbée, air absent, distraction, incohérence des propos et du comportement, automatisme mental, hallucinations auditives, olfactives et visuelles associées à un délire structuré, de forme mégalomaniaque, mystique ou de persécution… Le délire polymorphe s’impose au sujet, dans une atmosphère énigmatique de fin du monde. « Le sujet est incapable de critiquer son état, il est le plus souvent agité avec une forme de logorrhée ou un mutisme accompagné de passages à l’acte dangereux autant pour les autres que pour lui-même.
Cependant les repères spatio-temporels sont rarement touchés », précise Jean-Pierre Royol, docteur en psychologie et psychopathologie cliniques.
Evolution
Dans environ 60% des cas, on observe aucune récidive, et la guérison intervient rapidement, entre trois jours et un mois. « La brutalité de la crise, l’absence d’antécédents, la présence de facteurs déclenchant, ainsi qu’une bonne sensibilité aux traitements neuroleptiques, constituent autant de signes qui permettent d’envisager une évolution favorable. Par contre, les récidives nombreuses et le maintien d’un comportement inadapté peuvent évoquer dans certains cas une psychose maniaco-dépressive », explique Jean-Pierre Royol. Le praticien attire aussi l’attention sur le rôle capital de l’entourage da la personne: « L’un des risques majeurs demeure la dramatisation de cette réaction par le milieu familial qui a tôt fait de coller l’image de fou à celui qui est victime de cet accès relativement banal bien qu’impressionnant dans son expression ».