Les ados et leurs parents : quelle communication ?

Synonyme de rébellion, l’adolescence est réputée difficile à vivre… pour les parents. Quelle ligne de conduite adopter face à l’attitude mouvante et paradoxale – » je fais ce que je veux, mais j’ai besoin de vous « – de ces ex-petits chéris ? Après les parents  » autoritaires  » des années 50 et 60, les parents  » cool  » des années 70 et 80, la tendance est, depuis les années 90, aux parents  » copains « . Pour le bien de qui exactement ?

Les ados et leurs parents : quelle communication ?

Après avoir aménagé tant bien que mal une vie de famille avec ses enfants, voilà que tout chavire lorsque ceux-ci deviennent adolescents. On ne les reconnaît plus : d’expansifs, ils deviennent renfermés… ou le contraire ! Il faut tout renégocier. Et ce ne sont pas les nouvelles relations de connivence que les  » parents-copains  » installent avec leurs enfants qui changent la donne. Car, même dans une société en mutation, les besoins des adolescents restent les mêmes, nous explique le Professeur Daniel Marcelli, spécialiste de l’adolescence. Et c’est toujours aux parents d’indiquer le cap, même quand ils ne tiennent plus vraiment la barre, comme en témoignent Sylvie et Virginie, mamans d’ados.

Parents-ados : quoi de neuf ?

Des parents  » copains « 

Des parents  copains

Parents copains ou pas, le  » travail  » d’un adolescent reste le même. Pour devenir adulte, donc autonome, il doit s’éloigner de ses parents et les remettre en cause. Une tâche rendue plus difficile si ces derniers s’évertuent à avoir l’air aussi jeune et branché que lui :  » Mon père, quel ringard ! Le voilà qui revient en trottinette de sa SSII avec son T-shirt  » Agnès B  » !  » Bien sûr, les quadras et les quinquagénaires d’aujourd’hui sont plus frais que jamais. Ils ont grandi dans une période de prospérité et n’ont manqué ni de fluor ni d’anti-radicaux libres. La société qu’ils ont modelée célèbre la jeunesse : la leur. Alors, voir leurs enfants devenir indépendants, déborder d’hormones et de projets, renvoie à leur propre déclin. Etre  » copain  » avec ses enfants, gommer l’écart entre les générations, c’est vouloir arrêter le temps. C’est aussi  » ligoter ses enfants dans une dépendance dorée  » , au risque de les obliger  » à se démarquer encore plus et autrement, par une sorte d’escalade dangereuse , prévient Daniel Marcelli, auteur de  » Tracas d’ados, soucis de parents « . Mieux vaut des parents ringards que trop branchés.  » CQFD.

Des limites insuffisantes ?

 » Le temps de l’éducation est l’enfance. L’adolescence est le fruit de cette éducation, rappelle la psychanalyste Christiane Oliver. L’adolescence est le temps où l’on accompagne les ados dans la destruction de ce qu’on leur a inculqué. On peut leur dire :  » là vraiment, tu vas trop loin « , mais on est modérateur plus qu’éducateur.  » Or, si on a essayé de se faire aimé en permanence de son petit – pour se faire pardonner un divorce par exemple- en lui évitant les frustrations liées à l’apprentissage des limites, on en récolte les fruits amers à l’adolescence.  » Si l’enfant n’a pas été mis au courant des lois, le rôle de modérateur ne suffit plus à l’adolescence. Il faut alors éduquer, punir et vivre des scènes violentes « , affirme la psychanalyste. Et de déplorer un contexte idéologique où  » punir  » un enfant dans un but éducatif équivaut à de la maltraitance – sous le prétexte que l’enfant est une personne. Sans armes pour exercer leur autorité, culpabilisés, les parents n’éduqueraient plus leurs enfants, futurs ados violents, sans repères, se heurtant douloureusement à une société où tout n’est pas permis…

Entre rigidité et laxisme, une troisième voie se dessine. Celle d’une fermeté bienveillante durant l’enfance et d’une disponibilité respectueuse à l’adolescence. Dans un cadre toujours rassurant.