Les adolescents, leurs amis …et leur famille

Un article écrit par Gérard Vignaux et Evelyne Rydnick, autour de la question de l’adolescence vue sous un axe assez global, et soulignant ainsi ses différentes interactions avec des partenaires tels les parents ou les amis, et les difficultés inhérentes à ce passage de la vie d’enfant à la vie d’adulte…

Introduction

Entre l’enfance et l’âge adulte : l’adolescence. Son début est déclenché par des modifications psycho- biologiques et sa fin reconnue par l’intégration socio-culturelle.

Cette étape a considérablement évolué au cours de ce siècle : on est passé d’une époque sans adolescence à nos jours où l’adolescence se prolonge dans le temps. Cet allongement est lié à l’augmentation de la durée des études, aux conditions familiales plus faciles et plus souples, aux difficultés socio-professionnelles actuelles qui retardent l’entrée dans la vie active.

Les sociétés traditionnelles intégraient le jeune dans la vie adulte par des rites d’initiation. La durée de ce passage était court. Les adultes leur transmettaient un savoir-faire, des codes sociaux et les inscrivaient dans une histoire familiale, culturelle, religieuse et sociale stable. Cet héritage s’interrompant, les jeunes se sont trouvés face à un vide qui n’est pas sans conséquence dans le devenir social actuel.

La relation parents / adolescents s’est beaucoup modifiée au cours de ce siècle. Influencée par l’évolution des moeurs, elle s’est dégagée d’une pratique autoritaire et contraignante pour prendre mieux en compte la personnalité du jeune, respecter sa liberté et son désir. En contre-partie, les adolescents ont à s’appuyer davantage sur eux-mêmes que sur les adultes, ce qui est source d’autonomisation mais crée également un environnement moins sécurisant.

Envers et contre tout, la famille conserve son rôle indispensable. Les adolescents ont tendance à demander à leurs parents de tenir leur rôle en matière de formation et de préparation de leur avenir. Ils veulent trouver une place légitime dans la société mais ont pourtant besoin de connaître les limites du possible pour développer leur rapport à la réalité.

Les adolescents, leurs amis

La liberté s’acquiert grâce à l’éducation, à l’identification et à l’intériorisation des interdits fondamentaux, favorisant l’élaboration de la personnalité et de la vie sociale. C’est en fonction de la bonne résolution de cette étape que l’adolescent deviendra un adulte responsable et autonome.

Culture et organisation adolescente

Une plus grande précocité sexuelle et des difficultés de se faire une place professionnelle contribuent à accentuer le décalage entre la maturité sexuelle et la maturité sociale. La culture adolescente se développe : livres, films, musiques, langages, vêtements sont omniprésents.

Pour les filles et les garçons, le groupe des pairs est déterminant (système de valeurs, normes de conduites, sources d’attribution du statut, reconnaissance, partage des mêmes angoisses et des mêmes passions). Ce groupe agit comme un lieu d’apprentissage des habiletés sociales et comme support des démarches d’émancipation. Les garçons l’utilisent pour prendre quelques distances avec le milieu familial. Quant aux filles, le groupe des pairs s’organise comme un lieu de contact affectif mais elles sont moins préoccupées de prendre une autonomie par rapport à leur famille.

L’adoption et l’affirmation du rôle sexuel constitue la recherche essentielle de l’adolescence. L’intégration au sein de la société adolescente dépend essentiellement de la rencontre des critères liés aux rôles sexuels.

A l’adolescence, la confiance réciproque est l’affect qui prévaut dans l’amitié (sincérité, loyauté, confiance). Les groupes d’adolescents sont très homogènes.

Les vastes écoles secondaires et les repas pris en commun renforcent l’expérience de cohésion et le libre jeu de la culture adolescente.

La bande d’adolescents est le plus souvent issue d’une action de ségrégation de l’environnement social adulte qui stigmatise le groupe.