Marre des gosses

Comment une maman qui aime ses enfants par-dessus tout peut-elle arriver, un jour, à renier ses responsabilités de mère ? C’est pourtant ce qui est arrivé à Estelle, maman de deux enfants. Son témoignage commenté par notre expert, psychothérapeute…

Prisonnière de son rôle de maman

Depuis des mois, Estelle vivait au pied d’un volcan… en éruption !  » Un volcan qui s’écroule sous mes pieds, confie Estelle. Je sentais bien que certains aspect pratiques dans ma vie quotidienne me pesaient. J’ai mis cela sur le compte de la fatigue. » Mais à l’occasion d’une crise majeure dans son couple, le magma bouillonnant explose et Estelle rêve de tout  » foutre en l’air  » :  » Ce n’est pas mes enfants que je ne supporte plus, mais la responsabilité permanente que cela suppose. J’aime pourtant mes enfants au-delà de tout, poursuit-elle. L’idée que la garde puisse être confié au père en cas de divorce me noue les tripes. » Clarisse Fondacci, psychothérapeute, ne s’en étonne pas :  » C’est souvent lors d’une crise que les liens noués avec son entourage se révèlent. Estelle n’a pas vraiment su se positionner en tant que mère, par son histoire personnelle, peut-être en voulant reproduire un modèle qui au fond ne lui convenait pas « . Estelle prend des vacances,  » Je voulais faire la folle, redevenir insouciante… « , mais ressent une énorme culpabilité.

Une crise à ne pas banaliser…

Sentant son chagrin, ses enfants (6 ans et 2 ans), ont paniqué. Car la fonction de  » maman  » ne s’interrompt pas à volonté. C’est la mère, en effet, qui rythme le plus souvent les journées du petit enfant (repas, bain, réveil…), organisant ainsi ses rituels. Son absence risque donc d’être vécue avec angoisse par ce dernier…  » Estelle doit réapprendre à se ménager du temps mais surtout travailler en profondeur son rapport à l’autre, poursuit Clarisse Fondacci. Surtout celui avec ses enfants. Je lui conseille un travail en profondeur avec un professionnel pour pouvoir retrouver un équilibre entre son statut de maman et sa dimension féminine. Et d’en parler avec le père. Pour préserver son lien d’amour avec ses enfants, mais à sa façon, et selon les besoins de chacun.  » Taboue et mal vécue, cette crise maternelle, plus courante qu’on ne le croit, peut avoir des conséquences profondes. D’où la nécessité de pas mésestimer une telle  » éruption « .  » Je leur demande pardon tous les jours, en silence, par mes câlins « , conclut Estelle. Qui réapprend peu à peu un rôle qu’elle croyait maîtriser depuis plus de six ans…