Moins impliquée que le beau-père, puisqu’elle ne partage pas le quotidien de l’enfant en général, et pourtant plus exposée aux conflits, parce que l’on attend d’elle qu’elle assume une fonction maternelle, sa place est délicate à trouver. Un rôle qui dépend beaucoup de…
…L’état d’esprit de son compagnon
« Marine (âgée de 2 ans au début de notre relation) habitait une semaine sur deux avec nous. Je m’en occupais volontiers, mais son père ne reconnaissait absolument pas mes efforts. Il trouvait cela naturel. C’était douloureux pour moi », témoigne Delphine, qui a vécu 5 ans avec Paul et Marine.Ce sentiment de ne pas être reconnue peut tourner au ressentiment lorsque le père n’assume pas pleinement son rôle. « Pendant que Pierre va faire ses matchs de tennis le week-end, je me retrouve seule avec les quatre enfants (ses deux fils de 12 et 10 ans et mes deux filles de 14 et 11 ans). La situation inverse serait bien sûr impensable! », se plaint Aline, 45 ans, qui vit depuis trois ans avec Pierre. Mais il arrive aussi que la belle-mère se sente exclue du couple père/enfant. « Lorsque que Benjamin (7 ans) vient le week-end à la maison, moi, je n’existe plus. Son père se consacre 100% à lui », confie Agnès, 32 ans.
…L’attitude de la mère
Le comportement de l’enfant est lui-même largement conditionné par celui de la mère. « Avant l’adolescence, l’enfant n’a pas beaucoup d’autonomie affective et de pensée par rapport à ses parents. Il est très facile de l’imprégner de ce qu’on pense soi. Si la mère est OK, la belle-mère sera perçue positivement. Sinon, pour rester fidèle à sa mère, l’enfant rejettera sa belle-mère », explique Béatrice Copper-Royer, psychothérapeute.
Pour surmonter l’hostilité de l’enfant et créer une relation de complicité, la belle-mère a besoin du père.
L’agressivité de l’enfant
Telle fillette jette les parfums de la belle-mère dans les toilettes, telle autre cache systématiquement sa trousse de maquillage, tel fiston refuse de manger les repas préparés par belle-maman… »Avec l’arrivée de la belle-mère se rejoue pour la petite fille le conflit oedipien, explique la psychanalyste Claude Halmos dans son livre Parler c’est vivre (éd. Nil). « On oublie que beaucoup de petites filles rejettent leur belle-mère parce qu’elles comptaient bien -inconsciemment- prendre la place qu’elle occupe, et que beaucoup d’adolescents ont besoin qu’on leur rappelle que cette femme leur est, comme leur mère, interdite parce qu’elle est l’épouse du père ».
Le bouc-émissaire idéal
Pour ajouter à la difficulté, la belle-mère incarne facilement aux yeux de l’enfant la « mauvaise mère », celle sur laquelle il pourra décharger tout ce qu’il ne peut exprimer à sa mère. « Les enfants fonctionnent beaucoup psychiquement en clivant leur vie affective, comme dans leurs jeux où il y a d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Aussi, quand l’enfant se retrouve avec une mère et une belle-mère ou un père et un beau-père, il est tentant de définir une bonne et une mauvaise, un bon et un mauvais », expliquent Claire Garbar et Francis Theodore dans leur livre Les familles mosaïque (éd. Nathan).
Une « mère de parole »
« Il n’y a qu’une solution, explique Claude Halmos, c’est que le père prenne sa place d’homme et de père. Il est en effet le seul qui puisse donner une légitimité à la belle-mère et définir son rôle auprès des enfants » (voir article « Pour que la greffe prenne« ).Lorsque l’enfant est petit, il a besoin d’une présence maternelle. A partir des soins qu’elle lui prodigue, la belle-mère peut nouer avec lui une relation intime. Au fur et à mesure qu’il/elle grandit et surtout au moment de l’adolescence, la belle-mère peut jouer le rôle de tiers, extérieur au couple parental. « Mon père et moi, nous avons du mal à nous comprendre, à nous parler. Avec ma belle-mère, c’est plus facile », confie Sandrine, 16 ans.
Moins directement concernée par ce que vit l’enfant, cette dernière peut être cette « mère de parole », complice, confidente, médiatrice, qui l’aidera à se construire, avec tendresse