Sophie Macheteau : Je ne trouvais pas de produit idéal. A force d’être déçue par ces produits que j’achetais, je me suis dis que j’allais tout simplement les faire moi-même. L’idée de composer soi-même ses produits, c’est qu’il n’y a pas de limites dans la création. Prenez par exemple un gloss, j’ai envie de le faire à la menthe et au chocolat. A chaque étape d’élaboration, j’ajoute ce dont j’ai besoin comme principes actifs, mais aussi comme extraits aromatiques pour retrouver des odeurs que j’aime. Vous concevez ainsi des produits modelés selon vos goûts et vos besoins naturels, ils sont efficaces, glamour et polysensoriels.
Quelle différence faites-vous entre la cosmétique conventionnelle et la biologique ?
S.M : Dans la cosmétique naturelle et biologique, on n’a pas un effet un effet placébo comme on peut l’avoir dans une crème grande consommation. En général, dans une crème du marché, vous retrouvez 90% d’eau purifiée et des principes actifs en quantité infinitésimale. L’eau ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à faire du volume et à créer l’émulsion. De plus, l’eau contenue dans une émulsion, n’est pas utile à la peau, puisqu’elle ne passe pas la barrière cutanée. On en retrouve pourtant dans beaucoup de cosmétiques conventionnels, qui ont un effet placébo. Vous avez quantité d’eaux florales ou biologiques. Mais pour des raisons économiques, on substitue aux eaux florales de l’eau purifiée. Mieux vaut privilégier les émulsions qui n’utilisent dans leur formulation que des hydrolats, afin de bénéficier de leurs principes actifs.
Finalement, le consommateur utilise des produits inefficaces.
S.M : Le fond de teint est un bon exemple. On va vous vanter les vertus couvrantes, plastifiantes d’un fond de teint. Avant son utilisation, on va vous recommander d’utiliser une crème antirides et un soin hydratant. Finalement vous vous retrouvez à acheter 3 ou 4 produits alors qu’un fond de teint, si on réfléchit bien, c’est avant tout une crème, une émulsion dans laquelle on a mis des pigments. Si la base du fond de teint possède des principes actifs, alors on peut en faire un produit 3 en 1, voire plus, en multipliant les objectifs. Le maquillage devient alors un soin.
Y a-t-il encore des produits de l’industrie cosmétique que vous aimez ?
S.M : Je fais partie de ses consommatrices fashion addict, ferventes utilisatrices des produits cosmétiques de grandes marques, nouvellement sortis, etc… J’ai vraiment tout essayé, sans vraiment voir de résultat au final. Je n’ai jamais été satisfaite des produits que je testais, car les produits qu’on nous propose n’ont pas d’effets à longs termes, ce ne sont jamais que des effets « mirages ». Quand vous prenez par exemple les après-shampoings du commerce on se rend compte que leur effets démêlants ne durent que le temps du séchage des cheveux et encore. Alors que vous mettez après votre shampoing, deux gouttes d’une huile magique comme l’huile d’Argan et vous voyez vraiment l’effet traitant.
Il faut donc mieux n’utiliser que des produits certifiés biologiques.
S.M : Pour moi, achetez bio est nécessaire, mais pas encore suffisant ! Il existe encore de grandes différences de qualité entre les produits des multiples gammes bio, parmi les marques qui se positionnent aujourd’hui sur ce marché. Par exemple, quand vous regardez de plus près la marque Ushuaïa, il n’y a que 10% d’ingrédients bio dans les formulations. D’autres marques ne se contentent pas des d’ingrédients bio minimum imposés par le référentiel Ecocert et dépassent largement les 10% : c’est par exemple le cas de la marque de phyto-cosmétique bio Terrasens, qui renferment pas moins de 85% d’ingrédients bio sur la totalité du produit fini.
Est-ce compliqué de faire soi-même ses produits ?
S.M : Quand on voit une crème l’Oréal emballée avec un super packaging, on se dit que c’est irréalisable ! Et pourtant, la fabrication d’une émulsion n’est vraiment pas sorcier. On peut toujours se louper, comme en cuisine, mais on peut toujours rattraper. Lors de mes ateliers de beauté, je vois à quel point les élèves se débrouillent aisément. C’est vraiment à la portée de tous !
Faire soi-même ses cosmétiques bio, c’est une bonne idée, mais les matières premières ne sont-elles pas un peu difficiles à trouver ?
S.M : La majorité des ingrédients que j’utilise, je les trouve sur le site www.aroma-zone.com et vous pouvez les recevoir en 48 heures. Finalement c’est assez simple. Idem pour les ustensiles : même s’il faut un minimum d’investissement pour les pots et les récipients, vous pouvez utiliser vos casseroles et vos fouets de cuisine pour fabriquer vos produits de beauté.
Que conseillez-vous à ceux qui débutent dans la fabrication de cosmétiques ?
S.M : Une recette très facile pour démarrer est la réalisation d’un shampoing : Vous prenez une base de lavante neutre et le lait végétal de votre choix. Vous mélangez pour obtenir en quelques secondes une crème lactée. Terminez par la touche de parfum de votre choix. Vous pouvez aussi tenter un gel gourmand à la rose, avec du jus de betterave et des extraits aromatiques de myrtille. Le plus compliqué pour commencer, c’est de faire une émulsion ou une crème.
Toutes fabricantes de cosmétiques faits maison demain ?
S.M : Faire ses produits chez soi est avant tout un loisir créatif. Acheter des produits de beauté n’est pas antagoniste avec le fait de les faire soi-même. Ce n’est pas parce qu’on fait la cuisine chez soi, qu’il ne faut pas aller au restaurant. L’achat de cosmétiques de grande consommation demande simplement au consommateur de prendre conscience de ce qu’il achète.
Ateliers de beauté thématiques de Sophie Macheteau
Selon la thématique de 60 à 80 € les 4 heures (2 heures de théorie, 2 heures de pratique)
De 14h à 18h en semaine ou le week-end.
Pour participer : Programmes des ateliers
Pour en savoir plus :
Sophie Macheteau, Se maquiller au naturel, Editions Vigot (à venir en Septembre)
Du même auteur, 90 recettes de beauté bio, Editions Vigot
Propos recueillis par Natacha Lieury