Jusqu’à peu, la notion même de pathologie familiale était inconcevable. Aujourd’hui pourtant, tout le monde admet que la famille entière peut être malade, par exemple d’un secret.
» Il y a évidemment des cas d’inceste », explique Alain Héril, sophro-analyste et auteur d’un livre sur les thérapies familiales. « Parfois, le secret est beaucoup plus anodin. Mais la famille le considère comme une faute. Il s’agit alors d’un statut familial que l’on souhaite préserver à tout prix, d’un avortement caché, d’une fausse couche, etc. ».
Les thérapies familiales se sont fortement développées aux Etats-Unis, à partir des années 1950. Leur histoire est très liée à l’arrivée de l’ordinateur. Avec lui, on a commencé à penser termes de réseau, de système, et de liens. De fait, les thérapies familiales systémiques s’appuient beaucoup sur la loi des ensembles en mathématiques. Cette dernière dit que dès que l’on touche à une partie, alors on modifie l’ensemble. Ainsi, une personne malade ne serait plus que le symptôme d’un dysfonctionnement familial.
Cette façon de voir doit beaucoup à l’école de Palo Alto. Ce mouvement, né dans la banlieue de San Francisco vers 1950, a rassemblé mathématiciens, psychologues, et informaticiens. Ensemble, ils ont jeté les bases des thérapies familiales systémiques. Leur idée est que tout repose sur la communication. Dès que l’on parle, on met en place des liens. Et dès qu’il y a silence ou rétention de parole, il y a appauvrissement du lien. Les thérapeutes familiaux vont donc essentiellement se concentrer sur la communication et sur l’observation des comportements.