Quelles guérisons procure la psychogénéalogie

Anne Ancelin-Schützenberger précise les contours du possible en psychogénéalogie.

A vous entendre, la psychogénéalogie produit des guérisons spectaculaires et quasi miraculeuses.

Le charlatan et le guérisseur promettent de guérir: c’est dans le contrat. Le psychothérapeute promet de faire de son mieux: c’est dans le contrat. Aucun psychothérapeute ou analyste sérieux, comme aucun médecin ou chirurgien sérieux ne promet la guérison. Jamais. Freud disait qu’il se passe des choses et que la guérison vient parfois de surcroît. Il a mis en évidence la différence entre la compréhension corporelle interne qu’on appelle la catharsis, et la compréhension intellectuelle. Celle dernière sert à assouvir sa curiosité mais n’a jamais guéri ni enlevé l’angoisse de personne.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est cette catharsis qui permet de changer en profondeur?

Ce qui change, c’est quand un être est secoué par ce que certains ont appelé « un éblouissement »; ce que St Paul et les Chrétiens ont appelé « La route de Damas » (la conversion foudroyante à la foi chrétienne de Paul, jusque là anti-chrétien, alors qu’il était sur le chemin de Damas, ndlr); ce que les psychanalystes et les psychothérapeutes appellent « la catharsis avec perlaboration ». La traduction anglaise de « perlaboration » est bien meilleure: c’est « working through », qui signifie retravailler les choses. C’est une compréhension totale psychocorporelle et psychosomatique. On en voit très souvent quand elle a lieu par des changements de couleur de peau, de rythme respiratoires, et quelquefois des manifestations qui changent le fonctionnement psychosomatique. J’ai donné des exemples de maladies de Reynaud: quand le froid disparaît, la peau violacée disparaît et en une seconde devient rose et normale. C’est un cas où ça se passe comme ça. Mais ce n’est pas toujours immédiat. Il ne s’agit donc pas que d’une compréhension intellectuelle mais d’un changement total de comprendre les choses et de les ressentir dans son corps.

Une catharsis en perlaboration est comme une vomissure: le mal sort. Mais ce n’est pas pour ça que la maladie ou l’indigestion est guérie. Il faut retravailler dessus.

Donc on ne promet jamais la guérison à personne.