Sur Internet, l’absence de contacts sensuels – comme la vue ou l’ouïe – avec ses interlocuteurs est parfois un handicap… et parfois un atout. Sur le « chat », système de dialogues en direct, l’internaute peut s’exprimer de manière plus engagée et créative.
Les « chats » sont parfois une partie de plaisir associant débat et créativité, tranches de rires compris. Facile de se laisser enrôler dans des dialogues enflammés où les dérives langagières, parfois proches du parlé scatophile ou de la provocation, échappent au débat.
Rien de méchant rassurez-vous! De toutes façons, les internautes soucieux de faire échouer la discussion sont bien vite évincés de leur trajectoire. Et puis, il n’y a pas que ça! Il est aussi question de clamer sans frein des opinions.

En fait, les chats remettent en route notre machine à penser, à imaginer et à créer, organe parfois rouillé par notre manque d’audace habituel. Ici, tout est permis! Vous pouvez par exemple, sur certains « chats » entrer dans la peau d’une figure de BD en remplissant ses bulles d’énoncés divers et personnels, et participer ainsi de manière interactive à la progression d’un débat masqué sous la forme d’une histoire. C’est vous et les autres interlocuteurs qui la façonnez à votre gré.
Mais que penser alors de la liberté d’expression? Pourquoi nous engageons-nous plus facilement à dire ce que nous pensons? La raison est simple! Le regard de l’autre ne se porte pas sur nous. Nous sommes invisibles. Cela nous préserve contre tout jugement. Et c’est bien souvent la peur du jugement de l’autre, des représailles, et la peur tout court, qui nous empêche de nous exprimer librement. Là, nous sommes sur une scène où des acteurs masqués ne se connaissent pas. Et puis, tout comme le patient vautré sur le divan de son analyste, l’aspect anxiogène de la situation en face-à-face n’existe pas. Une différence néanmoins et de taille: il n’est, de toute évidence, pas question d’intimité dans le cadre des « chats ».
Enfin, c’est un autre « vous » qui témoigne, celui que vous laissez souvent dans l’ombre!