Quand les pères sont seuls maîtres à bord

Après un divorce, une séparation, des pères choisissent d’élever seuls leurs enfants. Discrets mais déterminés, ces nouveaux pères ont pleine conscience de leur rôle dans l’éducation de leurs enfants.

Encore marginaux en France, plus souvent considérés comme inaptes par la société que loués pour leur courage, ils assument à plein temps leur condition: les pères seuls sont, à les entendre, des mamans comme les autres. Même si la garde des enfants est encore à 85 % attribuée à la mère. Même si neuf juges aux affaires familiales sur dix sont des femmes. Seuls 20 % des pères demandent la garde de leur progéniture; 15 % des pères l’obtiennent. Et ces nouveaux pères se débrouillent plutôt bien car ils s’impliquent depuis le début dans les soins de leur chère tête blonde. « Pour moi, ça n’a pas changé grand-chose, explique Rémi*, 40 ans, en procédure de divorce, animateur périscolaire à Paris. En 1996, il s’est retrouvé seul avec ses trois enfants de 10, 6, et 2 ans et demi. J’étais déjà engagé dans l’éducation de mes enfants avant même qu’ils naissent. Mais maintenant, je suis à pied d’oeuvre 24 heures sur 24. « 

Des pères grandeur nature

Aménagement de l’emploi du temps – matinées libres! -, lessive, repassage, cuisine, crèche: Rémi cadence sa vie sur celle de ses enfants. Tout comme James*, parisien qui en 1986, a obtenu par décision de justice la résidence principale de ses enfants, en accord avec sa femme qui a quitté le domicile conjugal pour aller vivre à 600 km.

À ce moment-là, ce père de 36 ans, agent communal, doit assumer un fils de trois ans. « Sans avoir l’ambition d’être parfait, j’ai compris que je devais dépasser mon anxiété pour satisfaire les besoins vitaux de mon enfant, à savoir boire, manger et dormir. Et surtout lui apporter la tendresse nécessaire. »

Avec des méthodes qu’il qualifie lui-même de pas toujours « orthodoxes » comme congeler les petits pots ou ne faire ses courses qu’en grandes surfaces tous les quinze jours pour gagner du temps, James consulte aussi les livres spécialisés et fait appel à des solutions de garde intermédiaires pour pallier des horaires parfois incertains. « C’est le quotidien qui compte, dit-il. L’important est de rester naturel car l’enfant sait très vite faire le tri. » Ces papas d’un genre nouveau avouent à peine leur manque de moments intimes. Seul bémol évoqué par Alain*, 45 ans, divorcé, instituteur parisien et père de trois enfants: « C’est difficile d’être la référence permanente des enfants. Ça manque de dialectique. Il n’y a pas deux points de vue sur les sujets. » Des contraintes que rencontrent, somme toute, tous ceux, hommes ou femmes, qui ont la charge d’une famille monoparentale.

* Les prénoms ont été changé à la demande des intéressés.

POUR EN SAVOIR PLUS:

A lire:

Le vrai rôle du père, Jean Le Camus Ed. Odile Jacob

Une place pour le père, Aldo Naouri, Coll. Points Ed.

du Seuil

A contacter:

Fédération des mouvements de la condition paternelle: 01 43 41 45 18

144, avenue Daumesnil, 75012 Paris

Liens:

SOS Papa, Condition masculine et soutien de l’enfance: http://www.sospapa.net/

Association Condition paternelle: http://interpc.fr/papa/

Le club des papas: http://www.chez.com/clubpapas/

Association Bien-être de l’enfant: http://www.ifrance.com/abee/